L'artiste néerlandais Peter Bogers observe minutieusement les mouvements humains et en compose des tableaux visuels et acoustiques impressionnants. Il a commencé sa carrière dans le champ de la performance avant de se tourner vers le médium vidéo, en se réappropriant avec succès le rapport singulier au corps, l'espace et à l'action, comme celui entre l'œuvre d'art et le spectateur.
L'installation vidéo Shared Moments (2002) joue sur différentes manifestations d'un acte répété, par des personnes aux terrasses de cafés, des parapentistes, dans des scènes de gare, etc. Elle est composée d'une foule de séquences, qui, à contre-pied de l'esthétique du clip vidéo, instille une lenteur et une dilatation spatiale inhabituelles, en bref, de la tension. La matière visuelle ainsi modélisée transmet l'impression factice d'une simultanéité de temps, d'espace et d'action, contredite par les sous-titres. Cette concordance est renforcée par le montage grâce auquel l'action converge toujours vers un instant paroxystique, par exemple celui où les personnes observées regarderont simultanément la caméra. De ces coïncidences surviennent les "moments partagés" entre l'image et le spectateur.
Dans The Secret Place Of The Most High (2003), Bogers traite des attitudes politiques et religieuses en créant des combinaisons délicates associant textes chantés du Coran et images d'une télévision religieuse américaine au contraste saisissant. La juxtaposition exacerbe la relation des deux philosophies au plan des émotions et des intentions.
Dans cette deuxième exposition personnelle que Vidéochroniques consacre à Peter Bogers se manifeste à nouveau la qualité de ses œuvres, limpides dans leurs contenus, leurs concepts et leurs formes.