A en croire nos archives, Denis Brun est l'artiste le plus diffusé par Vidéochroniques mais rien ne lui avait été exclusivement consacré.
Considérant cet oubli, ce programme, dont l'intitulé explicite mime certains génériques, renvoie à un corpus d'une douzaine d'œuvres réalisées entre 1997 et 2005 dont les plus anciennes font figure de manifeste. Elles cristallisent un protocole radical : se limiter à l'usage d'un matériel visuel et sonore préexistant, le remixer. Une contrainte qui semble avoir été mise en œuvre pour mieux s'en défaire. L'artiste s'est alors réapproprié les espaces volontairement laissés vacants avec une maîtrise et une liberté nouvelles, accentuant encore les tensions propres au travail : entre son aspect prolixe et son économie, voire sa pudeur. Entre la distance et l'affection qui les fondent, leur caractère mélancolique et inspiré, lumineux et opaque à la fois, ses vidéos se nourrissent autant des véhicules et canons de
l'idéologie mainstream que de cultures alternatives.
Cette programmation préfigure le volet DVD d'un projet éditorial, coédité par l'association Cravan, qui comprendra également un catalogue et un double CD audio, dont la nature multimédiatique traduit clairement l'éclatement, la richesse, mais aussi les paradoxes de ce travail.
Elle est l'occasion de revenir sur le parcours de l'artiste, que des résidences à Vidéochroniques ont jalonné, et d'alimenter une actualité marquée notamment par l'exposition que lui consacre le Centre d'Art Intercommunal à Istres.